Affichage des articles dont le libellé est vocabulaire. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est vocabulaire. Afficher tous les articles

mercredi 27 septembre 2023

Question de vocabulaire: casaquin, vêtement à plis ou sans plis?


Bonjour,


Depuis plusieurs années je m'intéresse aux vêtements du XVIIIe siècle et je dois avouer qu'aucun mot ne m'a autant embrouillé l'esprit que le mot casaquin. Initialement pièce de vêtement masculine semblable à une cape munie de manches, le mot a commencé à désigner une pièce de vêtement féminine au XVIIIe siècle.

Commençons par montrer ce que les musées et commissaires-priseurs appellent casaquin de nos jours.


Casaquin
Entre 1725 et 1750
Collections du Musée Galliera

Casaquin
Entre 1725 et 1750
Collections du Musée Galliera



Casaquin
Entre 1710 et 1730
Collections du Musée Galliera


Casaquin
1725-1750
Collections du Musée Galliera
Casaquin
Vers 1740
Couteau-Bégarie et associés

Casaquin
Vers 1740
Couteau-Bégarie et associés




Casaquin à plis Watteau en broché et indienne de traite
Époque Louis XV
Villa Rosemaine

 

 

Casaquin de Dame en Lampas bleu Nattier
Vers 1740
Villa Rosemaine




Casaquin à la négligé en indienne française
vers 1760
Maison de vente aux enchères Richard

Casaquin à la négligé en indienne française
vers 1760
Maison de vente aux enchères Richard

Casaquin
Vers 1740-1750
Musée Galliera



Casaquin de mexicaine
Époque Louis XVI
Couteau-Bégarie et associés



Ensemble casaquin et jupon assorti
vers 1670 (erreur de frappe?)
Commissaire priseur Thierry de Maigret


Casaquin à basques et plis Watteau
Vers 1770-1780
Commissaire-priseur Tessier Sarrou & associés



Après avoir rassemblé ces photos de casaquins, j'ai voulu revisiter la citation la plus connue en matière vestimentaire féminine de Jean-Baptiste d'Aleyrac, un officier militaire français qui servit en Nouvelle-France durant la guerre de Sept Ans, entre 1755 et 1760:  

« Il n'y a pas de patois dans ce pays. Tous les Canadiens parlent un français pareil au nôtre. Hormis quelques mots qui leur sont particuliers, empruntés d'ordinaire au langage des matelots, comme amarer pour attacher, hâler pour tirer non seulement une corde mais quelque autre chose. Ils en ont forgé quelques-uns comme une tuque ou une fourole pour dire un bonnet de laine rouge (dont ils se servent couramment). Ils disent une poche pour un sac, un mantelet pour un casaquin sans pli (habillement ordinaire des femmes et des filles), une rafale pour beaucoup de vent, de pluie ou de neige; tanné au lieu d'ennuyé, chômer pour ne manquer de rien; la relevée pour l'après-midi; chance pour bonheur; miette pour moment; paré pour être prêt à. L'expression la plus ordinaire est : de valeur, pour signifier qu'une chose est pénible à faire ou trop fâcheuse. Ils ont pris cette expression aux sauvages. »


Hors, les vêtements d'époques montrés comme casaquins n'ont pas tous des plis, qu'ils soient aux hanches ou au dos. À quoi l'officier d'Aleyrac peut-il bien faire allusion lorsqu'il réfère au casaquin? Pourquoi précise-t-il que le mantelet est un casaquin sans plis? Pourquoi se hâte-t-il de préciser qu'il s'agit de l'habillement ordinaire des femmes et des filles? Se pourrait-il que dans son esprit, tous les casaquins sont munis de plis?


Pourtant,  mes recherches antérieures indiquaient qu'un casaquin était une pièce de vêtement féminin sans plis, «fort juste au corps» et qui ne descend que sur les hanches (dans le dictionnaire français-flamand de François Halma, 1733): 


Le grand dictionnaire François-Flamand de François Halma
1733

Cette définition contredit toutefois une illustration du graveur Antoine Hérisset, publiée dans les mêmes années, qui montre des plis, aujourd'hui dit à la Watteau, présentant ce que j'appellerais plutôt une demi-robe ou un pet-en-l'air. Est-ce que le casaquin de M. d'Aleyrac serait en réalité un pet-en-l'air? 

Les casaquins
Vers 1725-1735
Collections Rijksmuseum




J'ai donc décidé de chercher d'autres références pour le mot casaquin. Y a-t-il eu une évolution dans l'utilisation du mot et pourrais-je le déterminer? Dans quel trou de lapin m'étais-je encore perdue?


 Les dictionnaires d'époque nous indiquent ce mot comme étant un diminutif de la casaque. La définition la plus complète de casaque que j'ai trouvée est celle du dictionnaire d'Antoine Furetière publié en 1690: 


CASAQUE. Subst. fem. Manteau qu'on met par-dessus son habit, & qui a des manches où on fourre les bras. Les casaques sont commodes pour les gens de cheval. Ce mot vient de Carracalla Empereur, lequel étant à Lyon, fit habiller tous ses gens de cette manière de vêtement. On disait autrefois caraquin au lieu de casaquin, & on le dit encore à présent  en Bassigni. D'autres croient que ce mot vient d'un habillement de Cosaques, & qu'on a dit casaque par corruption, comme hongreline des Hongrois.  Covarnuvias le fait venir de l'Hebreu casab,  qui signifie couvrir: d'où a été tiré le Latin casa, cabane, comme on dit tugurium, à tegendo. On appelle casaque de Mousquetaires, de Gardes du corps, de Gendarmes, les manteaux de cette sorte portés par les cavaliers de ces compagnies, qui ont des marques & des broderies particulières pour les distinguer les uns des autres. Il a pris la casaque, ou,  Il a rendu la casaque de Mousquetaire, c'est-à-dire, Il est entré au service ou Il a quitté le service de Mousquetaire.

On dit figurément, qu'un homme a tourné casaque, pour dire, qu'il a changé de parti. Ce Prince étranger s'était mis du côté du Roy, mais depuis il a tourné casaque. Les troupes auxiliaires sont sujettes à tourner casaque.

CASAQUIN. subst. masc. Petite casaque. Il n'est en usage qu'en cette phrase proverbiale, On lui a donné sur le casaquin, pour dire, On l'a battu. 

 

Dictionnaire Universel
Antoine Furetière
1690

La première compagnie des Mousquetaires, que commandait le célèbre D'Artagnan, fut créée par Louis XIII au début du XVIIe siècle, près de 70 ans avant la parution de ce dictionnaire. Il m'apparait clairement que le type de vêtement mentionné ici n'est pas un vêtement féminin mais masculin de type cape à manche.


En 1710, le dictionnaire de Pierre Richelet nous indique que le mot casaquin ne réfère qu'au proverbe déjà énoncé par Antoine Furetière, comme si la cape à manche était passée de mode:

Définition de casaquin
Nouveau dictionnaire françois contenant généralement tous les mots anciens et nouveaux de la langue françoise
Pierre Richelet
1710

Un peu plus tard, en 1718, parait dans le Dictionnaire comique, satirique, critique, burlesque, libre et proverbial de Philibert Joseph Le Roux une définition du casaquin renvoyant au monde du théâtre et de la comédie. Ce texte aussi donne à mon sens l'impression que le mot casaquin est vieilli pour l'époque, par la comparaison qu'il en fait avec le pourpoint, pièce de vêtement désuète au début du XVIIIe siècle: 


Définition de casaquin
dictionnaire comique, satirique, critique, burlesque, libre et proverbial
Philibert Joseph Le Roux
1718




Cela est confirmé dans le dictionnaire de l'Académie Française qui précise dans sa définition (disponible ici)  du mot casaquin de 1718 que le mot n'est plus maintenant en usage.

En 1731, le Mercure de France, dans une historiette en rimes, évoque un casaquin féminin que la femme de l'histoire retire précipitamment pour enfiler «corset de basin et robbe de blanc satin» afin de séduire le narrateur. Il s'agit de la première référence à une pièce de vêtement exclusivement féminine pour le mot casaquin dans mes recherches. Ce que je trouve quand même étrange, c'est que cette définition exclusivement féminine apparaît seulement deux années après la première mention (à ma connaissance) du mot pet-en-l'air désignant une demi-robe.


Extrait du Mercure de France
Édition novembre 1731



Hormis la gravure de Antoine Hérisset présentée plus haut, je n'ai pas trouvé d'autres références au mot casaquin durant la décennie 1730, ni même 1740.


Dans cette définition de 1752, le mot casaquin semble revêtir une notion générale avec l'ajout de la phrase «On le dit aussi d'un habillement court et mauvais». Je crois ici que le mot «mauvais» est un antonyme de qualité. Un habillement de qualité serait un habillement de cour ou du moins, un habit dont le port en public ne nuit pas à la réputation du porteur. Parce qu'on parle d'habillement court, j'aurais tendance à croire que cette définition désigne un casaquin féminin.

Définition de casaquin
Dictionnaire françois et latin
par la compagnie des libraires associés
1752


Une seconde définition est présente dans ce dictionnaire, et évoque une partie anatomique de certains animaux comme les limaces (je vous épargne la multitude de définitions de casaquins animaliers que j'ai trouvées dans mes recherches). Dans un supplément de ce dictionnaire, également paru en 1752, une troisième définition est invoquée, beaucoup plus intéressante puisqu'elle renvoie à une pièce de vêtement qui m'était inconnue: l'apollon.



Définition de casaquin
Supplément au dictionnaire universel françois et latin
vulgairement appelé dictionnaire de Trévoux
Par la compagnie des libraires associés
1752

«APOLLON, s.m. Espèce de petite robe de chambre qui ne vient qu'à la moitié des cuisses. On couche avec l'apollon en hiver, pour lors il est fait d'étoffe, & même quelques fois fourré. En été, on les fait de taffetas, de toiles des Indes, ou quelque autres étoffe de soie légère. On en fait même de toile blanche, & les Dames s'en servent pour se peigner & se coëffer, comme elles faisaient autrefois avec les peignoirs. Ceux qu'elles portent pendant le jour s'appellent encore cazaquin ou pet-en-l'air. Les hommes portent aussi des apollons, au lieu de Robes de Chambres, parce que leur petitesse les rends plus commodes.»




Première partie de la définition de l'apollon
Deuxième partie de la définition de l'apollon

 

Supplément au dictionnaire universel françois et latin 
vulgairement appelé dictionnaire de Trévoux
Par la compagnie des libraires associés
1752

 

Cette définition est à la fois très agréable car assez longue et descriptive et à la fois source de nouvelles questions. Doit-on comprendre que casaquin et pet-en-l'air sont des synonymes, ou seulement deux types de vêtements semblables, l'«habillement court et mauvais» de la précédente définition? Je ne croyais pas rencontrer une mention de vêtements faits en toiles des Indes durant la période de prohibition de celles-ci, encore moins dans un livre publié à Paris avec l'approbation du Roy. Serait-ce une preuve indirecte que les lois en matière textiles étaient contournées dans la métropole?


En 1758, le nouveau dictionnaire de Pierre Richelet modifie la sempiternelle définition de casaque, en la présentant comme une pièce de vêtement intermédiaire entre le justaucorps et le manteau. De plus le casaquin semble lui presque essentiellement féminin et est défini comme une espèce de demie robe. Dans cette définition, casaquin et pet-en-l'air seraient donc bel et bien synonymes. 


Définitions de casaque et casaquin,
Dictionnaire de la langue françoise ancienne et moderne avec observations de critiques de grammaire et d'histoire, 
Pierre Richelet,1758 

Mon prochain extrait vient d'un plaidoyer pour la réintroduction des toiles peintes d'Inde et la réutilisation de ce type de textile dans différentes pièces vestimentaires. Une robe en indienne peut ainsi selon l'auteur se recycler en jupon, lequel devient casaquin, lui-même recyclé comme mantelet, qui à son tour donne un fichu ou mouchoir. 


Extrait de Paradoxes intéressans sur la cause et les effets de la révocation de l'Édit de Nante, Jean Novi de Caveirac, 1758 

Dans cette définition de 1761, la casaque n'est plus associée au manteau mais au surtout, un vêtement ressemblant au justaucorps mais plus ample. Le casaquin est ici un synonyme de l'apollon décrit plus haut, et qui dans ce dictionnaire est une petite robe de chambre qui ne descend que jusqu'aux cuisses. Cette définition d'apollon beaucoup moins élaborée que la première citée plus haut. 


Définition de casaque et casaquin 

Définition de l'apollon 

Tirées de l'Encyclopédie françoise, latine et angloise ou dictionnaire universel des arts et des sciences contenant la signification et l'explication de tous les mots de ces trois langues , & tous les termes relatifs aux Sciences et aux arts, 1761



En résumé, la définition vague et floue du dictionnaire de l'Académie française en 1762 est peut-être celle à la fois la plus frustrante et la plus juste de l'utilisation du mot casaquin: «Espèce d’habillement court, & qu’on porte pour sa commodité». 


Définitions de casaque et casaquin
Dictionnaire de l'Académie Française,1762

Mais pour compliquer un peu plus les choses, j'ai aussi trouvé une définition de 1766 qui compare le casaquin non pas à la demi-robe, au pet-en-l'air, à l'apollon ou à la petite robe de chambre mais à une nouvelle pièce de vêtement: la camisole.


Définition de casaquin
Dictionnaire du vieux langage françois, enrichi de passages tirés de manuscrits en vers & en prose, des Actes Publics, des Ordonnances de nos rois, &t.
François de La Combe
1766



En résumé, peut-on vraiment arriver à un consensus par rapport à ce qu'est un casaquin? Il est parfois décrit comme ayant des plis de robe à la française, parfois comme n'en ayant pas, parfois comparé justement à une demi-robe (mais jamais au pet-en-l'air), à une petite robe de chambre ou à un apollon. Ce vêtement est toujours décrit comme ayant une longueur raccourcie, le plus souvent au milieu de la cuisse. 

Mais pour en revenir à M. D'Aleyrac, puisqu'il précise que le mantelet est comparable à un casaquin sans plis, je crois que les plis auxquels il fait référence sont ceux de la demi-robe. D'autant plus qu'étant incertain de la clarté de son utilisation du mot casaquin, il préfère préciser qu'il parle de l'habillement ordinaire des femmes et des filles.


J'espère que vous aurez apprécié ce travail de vocabulaire vestimentaire. Je sais maintenant que le mot casaquin est à la fois vague et précis pour désigner une pièce de vêtement féminin du XVIIIe siècle.


Mlle Canadienne

mercredi 12 mai 2021

Des Filles du Roy à la Conquête, chapitre 5: la robe à la française 1740-1763

 Bonjour,

Bienvenue dans l'avant dernier chapitre sur l'évolution des modes féminines durant la période de la Nouvelle-France, portant sur les robes à la française. La décennie 1740 a été le théâtre de la guerre de Succession d'Autriche, qui verra en 1745 la forteresse de Louisbourg tomber une première fois entre les mains des Britanniques avant d'être échangée contre les Pays-Bas autrichiens (l'actuelle Belgique) lors des négociations menant au traité de paix d'Aix-la-Chapelle de 1748.

Les plis caractéristiques de la robe à la française ont été hérités de la robe volante, qui a été décrite dans le chapitre 4 de cette série. L'originalité de la robe à la française est que dorénavant la taille est soulignée par la robe, alors qu'elle était dissimulée sous d'amples plis avec la robe volante.


Voici un des premiers tableaux où la robe à la française avec le soulignement de la taille apparait:

Le déjeuner
Artiste François Boucher
1739
Collection Musée du Louvres


L'emphase sur la taille, et sa minceur, est indéniable dans les tableaux suivants:


Madame d'Epinay et Madame de Meaux
Artiste: Louis Carrogis dit Carmontelle
Vers 1750-1760
Collection Musée Condée, Chantilly
Source: La Tribune de l'Art

Portrait d'une dame, dite être Mme Charles Simon Favard, née Marie Justine Benoîte Dumonceray
Artiste François Hubert Drouais
1757
Collection MET Museum




Les fameux plis du dos de la robe à la française, qui ont été nommés a posteriori des plis Watteau, étaient seulement nommés ''plis'' au XVIIIe siècle. Jean Antoine Watteau ne vécut pas assez longtemps pour voir ce que nous appelons la robe à la française, car il est décédé au début de la mode des robes volantes, soit en 1721. La robe à la française se distingue de la précédente, la robe volante, par le resserrement net de la taille sur le corps baleiné.

Le tableau de la Toilette de François Boucher montre la femme de chambre de dos. Les plis de sa robe sont légèrement plus larges que sa taille, augmentant l'illusion de minceur lorsque vue de côté ou de face. De plus, sa robe est portée ''retroussée dans les poches'', un style qui favorisait les déplacements et évitait de salir le bas des robes dans les rues boueuses des villes. Plusieurs voient ce ''retroussé dans les poches'' comme un prélude à la robe de promenade dite ''à la Polonaise'' des années 1770-1780.

La toilette
Artiste: François Boucher
1742
Musée Thyssen-Bornemisza




 Le manteau de la robe à la française est toujours ouvert à l'avant sur une pièce d'estomac et la jupe d'apparat. La plupart du temps, le manteau de robe, la pièce d'estomac et la jupe d'apparat sont faits dans les mêmes tissus. Il arrive que la pièce d'estomac soit de couleur différente mais complémentaire, assortie aux accessoires pour les manches ou de cheveux.

Portrait de femme tenant une tasse
Anonyme français,
XVIIIe siècle 
Collection du Musée d'Art et d'Industrie André Diligent
Source: Ministère de la culture, France


 Portrait de Madame de Sorquainville
Artiste: Jean Baptiste Perronneau 
1749
Collection du Musée du Louvre

Portrait d'une femme noble
Artiste: Donat Nonnotte
XVIIIe siècle
Collection privée
Source: De Artibus Sequanis



Occasionnellement, certaines robes à la française sont bordées de fourrures. Considérant que la Nouvelle-France était l'un des principaux fournisseurs de fourrures de l'Europe, il est plus que probable que celles-ci viennent de l'Amérique septentrionale.

Portrait de Mme de Brosse, fille de M. Briasson, échevin Lyonnais
Artiste: Donat Nonnotte
1758
Collection privée
Source: Artnet

Portrait d'une dame, dite être la Marquise de Beauharnais,
Artiste: Cercle de François-Hubert Drouais
Vers 1750-1760
Collection privée
Source: Christie's




 


Pour ce qui est des coiffures, vous l'aurez peut-être remarqué, celles-ci sont relativement inchangées par rapport à la robe volante. La tête ne prend que peu de volume, les cheveux sont poudrés et remontés sur la tête en chignon plat sous un bonnet. Certains bonnets, cornettes ou coiffes couvrent plus la tête que d'autres.

Portrait d'une femme avec son chien
Artiste: Donat Nonnotte
XVIIIe siècle
Collection privée
Source: Artnet

La coeffeuse
Artiste: Dominique Sornique d'après Étienne Jeaurat
XVIIIe siècle
Collection Rijskmuseum


Il est intéressant de constater que la coiffeuse de cette gravure présente un bonnet à la dame qu'elle visite plutôt que d'arranger directement ses cheveux. À l'instar de la domestique dans le tableau de ''la toilette'' de François Boucher plus haut, la coiffeuse de cette gravure porte sa robe ''retroussée dans les poches'', un moyen de préserver l'apparence du bas de la robe en marchant dans les rues boueuses des villes.



Les dames plus fortunées peuvent aussi se coiffer ''en cheveux'', c'est-à-dire en de petites boucles toujours près de la tête.  Voici deux exemples de dames coiffées ''en cheveux''.




Portrait de la Marquise de Gast
Artiste: Donat Nonnotte
Vers 1740-1750
Collection privée
Source: Artnet

Portrait de Claudine Flachon, fille de Claude Flachon, échevin de Lyon
Artiste: Donat Nonnotte
1750
Collection Privée
Source: Artnet


D'ailleurs l'expression coiffée en cheveux est utilisée dans la correspondance d'Élisabeth Bégon dans sa lettre du 27 janvier 1750, où elle décrit les ajustements de sa petite-fille lors de sa première sortie mondaine officielle à La Rochelle:

 ''Si tu eusses vu ta fille hier, cher fils, tu serais resté comme elle le fit à la vue de ce damas rose que tu lui donnas. Elle était coiffée en cheveux au mieux, avec un corps neuf qui lui fait la taille belle, de bonne grâce, et partit bien contente avec le la peine, cependant, de ne savoir point danser...''

Rappelons qu'Élisabeth Bégon est une épistolière née au Canada qui avait décidé de partir vivre en France.


La mode des coiffures en hauteur ne recommencera timidement que dans les années 1760 pour atteindre des sommets inégalés (au propre comme au figuré) avec Marie-Antoinette dans les années 1770. Une coiffure emblématique de cette période est la coiffure à la belle poule.



On ne peut évoquer la mode au milieu du XVIIIe siècle sans parler de la célèbre Mme de Pompadour, maitresse du roi Louis XV. 

Sketch pour un portrait de Mme de Pompadour
Artiste: François Boucher
Vers 1750
Collection Waddesdon Manor,  pièce Starhemberg 
Source: Wikimedia Commons




Portrait de Madame de Pompadour
Artiste François Boucher
1759
Collection Wallace, Londre
Source: Wallace Collection Blog

Sur les deux portraits de François Boucher sélectionnés, Mme de Pompadour porte une pièce d'estomac décorée d'une échelle de rubans, ainsi que se nomme l'ensemble de boucles de rubans. Des rubans attachés aux manches sont de la même couleur que ceux de l'échelle. Sous les manches se trouvent des engageantes de dentelles qui donnent du volume à la manche. Le manteau de robe, la jupe et les falbalas sont faits du même tissu. Elle est coiffée en cheveux, c'est-à-dire qu'elle ne porte pas de bonnet. 
 



Rappelons que le portrait de Mme de Rigaud de Vaudreuil, épouse du gouverneur-général du Canada, peint en France, la représente portant une robe à la française de brocard doré sur fond bleu.




Portrait de Madame Pierre de Rigaud de Vaudreuil, née Jeanne-Charlotte de Fleury Deschambault,
Attribué à Donat Nonotte 
vers 1753-1755
Copie de Henri Beau
Début du XXe siècle
Bibliothèque et Archives Canada

Moins connu, il existe un second portrait de cette noble dame de la Nouvelle-France, où elle porte également une robe à la française et joue de la guitare.

Madame de Rigaud de Vaudreuil, femme du commandant du Canada
Louis Carrogis dit Carmontelle
Vers 1753-1755
Collection du Musée Condé


En 2019, j'avais fait un article sur le parcours de vie de cette dame. Si cela vous intéresse, il est disponible ici: Jeanne Charlotte de Fleury Deschambault- Histoire de la femme derrière le portrait.

La robe à la française a été en vogue durant environ 35 ans, de 1740 à 1775 environ. Les originaux qui existent encore aujourd'hui sont majoritairement de la fin de cette période. Voici quelques exemplaires de la période nous intéresse.

Robe à la française
vers 1740
Musée des Arts décoratifs
Source: Google Arts & Culture




Robe à la française
vers 1740
Musée des Arts décoratifs
Source: Google Arts & Culture


robe à la française 
vers 1735
Collection privée
Source: Thierry de Maigret commissaire priseur

robe à la française 
vers 1735
Collection privée
Source: Thierry de Maigret commissaire priseur


Robe à la française
vers 1760
Collection MET museum



Étrangement, j'ai trouvé peu de peintures ou gravures illustrant un paysage ou une vue d'ensemble de cette période sur lesquelles il est facile d'identifier la robe à la française. Il faut dire que la majorité des dames de cette période sortent munies d'une petite cape, ce qui empêche d'apprécier la robe qui est dessous.



Vue du Château de Versailles du côté de l'orangerie
Artiste: Jacques Rigaud
Entre 1729 et 1752
Collection des Châteaux de Versailles
Détail de Vue du Château de Versailles du côté de l'orangerie
Artiste: Jacques Rigaud
Entre 1729 et 1752
Collection des Châteaux de Versailles


Détail de Vue du Château de Versailles du côté de l'orangerie
Artiste: Jacques Rigaud
Entre 1729 et 1752
Collection des Châteaux de Versailles





Vue du petit château de Choisy-le-Roy du côté de la cour
Artiste: Denis-Pierre-Jean Papillon de la Ferté
1760
Collection des Châteaux de Versailles


Détail de
Vue du petit château de Choisy-le-Roy du côté de la cour
Artiste: Denis-Pierre-Jean Papillon de la Ferté
1760
Collection des Châteaux de Versailles





Vue du petit château de Choisy-le-Roy
Artiste: Denis-Pierre-Jean Papillon de la Ferté
1760
Collection des Châteaux de Versailles




Détail de Vue du petit château de Choisy-le-Roy
Artiste: Denis-Pierre-Jean Papillon de la Ferté
1760
Collection des Châteaux de Versailles
Détail de Vue du petit château de Choisy-le-Roy
Artiste: Denis-Pierre-Jean Papillon de la Ferté
1760
Collection des Châteaux de Versailles


Détail de Vue du petit château de Choisy-le-Roy
Artiste: Denis-Pierre-Jean Papillon de la Ferté
1760
Collection des Châteaux de Versailles

Dans les gravures de Richard Short apparait une dame qui semble porter une robe à la française retroussée dans les poches. À moins que ce ne soit une demi-robe, la qualité de la numérisation ne me permet pas de me décider entre les deux hypothèses. Richard Short a fait en 1761 une série de gravures rendant compte des ravages de la guerre sur la ville de Québec .


Vue de la cathédrale, du collège des Jésuites et de l'Église des Récollets prise de la porte du Gouvernement
Artistes: Richard Short et Pierre-Charles Canot
1761
Collection du Musée National des Beaux-Arts de Québec


Détail de
Vue de la cathédrale, du collège des Jésuites et de l'Église des Récollets prise de la porte du Gouvernement
Artistes: Richard Short et Pierre-Charles Canot
1761
Collection du Musée National des Beaux-Arts de Québec

Une autre gravure de Short de la même série montre clairement une robe à la française retroussée dans les poches.

Vue du Palais épiscopal et de ses ruines, ainsi qu'elles paraissent en descendant à la Basse-Ville
Artiste: Ignace Fougeron d'après Richard Short
1761
Collection du Musée National des Beaux-Arts de Québec

Détail de
Vue du Palais épiscopal et de ses ruines, ainsi qu'elles paraissent en descendant à la Basse-Ville
Artiste: Ignace Fougeron d'après Richard Short
1761
Collection du Musée National des Beaux-Arts de Québec



C'est le 8 septembre 1760 avec la capitulation de Montréal que la Nouvelle-France tombe sous un régime militaire britannique. Il s'agit d'un régime temporaire et le continent nord-américain doit attendre la fin du conflit avec le traité de Paris de 1763 pour officialiser la cession du territoire de la Nouvelle-France à l'Angleterre.

C'est ainsi que se termine l'avant-dernier article sur la mode en Nouvelle-France. Le dernier portera sur les vêtements des habitantes et des paysannes durant cette période 1663-1763.


Mlle Canadienne










Les mystères du vêtement féminin au XVIIIe siècle, le cas du caraco

  Bonjour, Après avoir recherché le mot casaquin dans les ouvrages du siècle des Lumières, j'ai décidé de faire de même avec le mot cara...