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mercredi 19 avril 2017

Couture rabattue

Bonjour,

Comme je l'ai écrit dans mon dernier billet, je travaille actuellement sur des chemises 18ième siècle.

À la lecture de l'Art de la lingère de Garsault paru en 1771 disponible sur Gallica, j'ai été intriguée par la couture rabattue par laquelle la chemise doit être assemblée. J'étais aussi légèrement confuse par la description du patron de La Fleur de Lyse, j'ai alors voulu vérifier comment elle était décrite originalement dans Garsault.

J'ai transcrit ici le texte original (il se peut que j'aille corrigé en français moderne certains mots durant la transcription):

''La couture rabattue se fait de plusieurs manières; il s’en fait à surjet, d’autres à points-devant mêlés d’arrière-points, le tout pour joindre deux pièces dont l’une et l’autre sont sans lisières; ou bien quand il n’y a qu’une lisière à l’une des deux pièces : car deux lisières qui se joignent l’une à l’autre sans avoir besoin de couture rabattue à l’envers, qui ne sert qu’à empêcher les toiles de s’effiler : voici la manœuvre.

Remployez le bord de chaque toile, mais l’une plus que l’autre; approchez-les de leur remplis, de façon que le rempli de l’une dépasse celui de l’autre de quelques lignes; surjettez-les près du haut de chaque rempli; puis retournant les pièces  et déployant les deux toiles, vous retrouverez l’extrémité de chaque ploiement; vous verserez le plus long sur l’autre, et les applatissant sur la toile, vous les y arrêterez à points de côté; ou bien approchez l’un de l’autre les bords de chaque pièces pliés comme ci-dessus, mais de façon que, Fig. 1G, le bord a dépasse de quelques lignes le bord bb de l’autre; puis le long dudit bord bb, le plus bas, faite une couture à points-devant et arrière-points d; par exemple, successivement deux points devant et deux arrières-points. Vous rebatterez ensuite, Fig.M, le bord dépassant aa, Fig 1G, l’autre morceau par-dessus cette couture et vous l’arrêterez à points de côté.

Les figures G N M, font voir une couture rabattue à points-devant mêlé d’arrières-points au lieu du surjet.


La figure H, Montre les deux pièces ouvertes l’envers en dessous : la couture paroît à peine en dd; car si bien exécutée, à peine doit-on voir la couture à l’endroit.''




Si le premier paragraphe est facile à comprendre (je ne ferais pas de résumé), j'ai eu de la difficulté avec le second. 

Si j'ai bien compris pour faire la couture rabattue, il faut:

  1.  Coudre avec un point de couture arrière (surjet) ou point devant mêlé de point arrière les deux lisières de tissus de façon à ce que la valeur de couture d'une lisière soit un peu plus longue que l'autre.
  2. Replier la longue valeur de couture par dessus la courte valeur de couture à la manière d'un ourlet de façon à ce que le bord de cet ourlet soit au niveau de la couture 1.
  3. Coudre à point de côté l'ourlet ainsi formé en prenant soin de ne pas dépasser la couture 1 de façon à ce que cette couture soit invisible du côté d'apparat de la couture.
Avez-vous envie d'essayer la couture rabattue dans un projet de couture?

Mlle Canadienne





lundi 6 février 2017

Manteau-de-lit ou mantelet ?

Bonjour,

J'ai remarqué qu'il existait une certaine confusion entre les vêtements féminins de ''déshabillé''. Non, un déshabillé du 18ième siècle n'est pas équivalent au déshabillé affriolant du 21ième siècle. Au 18ième siècle, la tenue déshabillée est la tenue comfortable et ordinaire, par opposition à la tenue endimanchée ou la tenue de court. Le terme est surtout utilisé par les gens plus aisés. Les gens du commun vont plutôt ajouter des accessoires à leur tenue ordinaire pour l'enjoliver le dimanche, n'ayant pas les moyens d'avoir une tenue complètement différente.

Commençons par le manteau de lit. C'est un vêtement d'intérieur pour les personnes aisées. Pour les moins fortunés, il peut être porté en public.
Tiré de l'Art du tailleur contenant le tailleur d'habit d'homme; les culottes de peau; le tailleur de corps de femmes et enfants: la couturière; et la marchande de Modes par M. de Garseault, 1769

Comme illustré sur cette gravure, on peut voir que le manteau de lit ne possède aucune couture au niveau de l'épaule (voir cercles rouges). C'est un vêtement peu ajusté donc moins dispendieux à assembler et relativement facile à confectionner. On pourrait presque le qualifier de ''prêt-à-porter'', presque. Le devant se referme avec une épingle en posant un pan devant l'autre ou parfois un ruban. Le dos de ce vêtement est formé d'un pli qui se déploie à la taille (Figure 8), évoquant légèrement la robe à la française, mais en beaucoup plus simple.


 Les cris de Paris (1737-1746); Pommes cuites au four, Edmé Bouchardon
On peut voir l'absence de couture au niveau de l'épaule.


 Les cris de Paris (1737-1746); Vendeuse de pommes, Edmé Bouchardon
On peut voir le croisement des bords avant du manteau de lit.


Portrait anonyme de peintre anonyme. 
On peut voir le croisement des bords du devant du manteau de lit


Reproduction d'un manteau de lit utilisant le patron commercial de Kannick's Korner que l'ai confectionné, porté par Cathrine Davis. Crédit photo: Joseph Gagné 



 Reproduction d'un manteau de lit utilisant le patron commercial de Kannick's Korner que l'ai confectionné, porté par Cathrine Davis. 
Crédit photo: Joseph Gagné 


Le mantelet, appelé juste dans la Vieille France du 18ième siècle, est un vêtement plus ajusté. Il était fabriqué sur mesure, comme la plupart des vêtements de cette époque. Les manches sont cousues à l'épaule. Le devant peut être attaché par des rubans, des épingles, des agraphes parfois même
 une pièce d'estomac. Le dos de ce vêtement est plat et sans plis. Les basques de ce vêtement peuvent être fendues ou pleines. Les manches peuvent être ajustées et se terminer par des pagodes ou bien être plus larges et se terminer par un ruban. Le mantelet aura toujours un tissu différent des jupons/jupes sur lesquels il est porté.


 La belle chocolatière, 1743-1743 par Jean-Étienne Liotard (je n'ai pas trouvé le musée)
Ce mantelet a des manches ajustées à pagodes (le truc plissé au coude) et des basques pleines (la jupette du mantelet)



 La pourvoyeuse, 1739 par Jean Siméon Chardin (musée du Louvres, Paris)
Ce mantelet a une manche large, remonté au coude par un ruban contrastant.


La fontaine, 1733 par Jean Siméon Chardin ( je n'ai pas trouvé le musée)
Il s'agit probablement de la même servante qu'on voit sur La pourvoyeuse. Le ruban a été enlevé et la manche est à sa pleine longueur. Aussi, on voit la couture de la manche au niveau de l'épaule et la fente des basques au niveau de son postérieur.

Ma reproduction de mantelet en indienne, confection Evelyne Bouchard avec manches ajustées à pagodes, basques pleines et rubans pour nouer le corsage

Ma reproduction de mantelet en indienne, confection Evelyne Bouchard avec manches ajustées à pagodes, basques pleines et rubans pour nouer le corsage



Souvent la différence entre le manteau-de-lit et le mantelet (comprendre juste ou justaucorps féminin si vos références viennent de France) sont subtiles. La façon la plus simple est de regarder la manche. Si n'y a pas de couture au niveau de l'épaule, il s'agit d'un manteau de lit. S'il y a couture, il s'agit d'un mantelet ou peut-être une demie-robe. La demie-robe est taillée comme une robe mais sa longueur est raccourcie. 

Exemple de demi-robe
Fêtes galantes de Filippo Falciatore trouvé sur une vente aux enchères de Sotheby's


J'espère que cela vous aura aidé à différencier le manteau de lit du mantelet sur les portraits. Notez qu'à partir d'environ 1760, il y a d'autres variations de déshabillé qui apparaissent en Vieille France.

Mlle Canadienne

Les mystères du vêtement féminin au XVIIIe siècle, le cas du caraco

  Bonjour, Après avoir recherché le mot casaquin dans les ouvrages du siècle des Lumières, j'ai décidé de faire de même avec le mot cara...