Puisque c'est mon projet ces temps-ci, j'aimerais voir parler de chemises du 18ième siècle.
La chemise, trop souvent mal représentée dans les films ou séries historiques...
D'abord, à quoi ça sert une chemise?
La chemise est un vêtement de corps, c'est à dire qui soit en contact directement avec la peau. Elle sert d'intermédiaire entre la peau et les autres vêtements de soutien (corset ou corps baleiné, panniers, jupons de dessous) ou d'apparat (visibles). Lorsqu'on lit les inventaires d'après décès, on compte une moyenne de dix chemises pour les habitants de la Nouvelle-France. Leur nombre augmente avec le rang social. Il faudrait se tourner vers une personne plus cultivée en matière d'inventaires d'après décès du 18ième siècle pour confirmer ou infirmer les chiffres que j'avance ici avec le survol que j'ai fait de ces documents. La chemise est aussi le seul vêtement porté qui était lavé.
Avant de monter sur vos grand chevaux sur la malpropreté de nos ancêtres, comprenez bien ceci. À une époque où la machine à laver n'est pas encore inventée, la notion de laver les vêtement était bien différente de la nôtre. Pour être considérée propre, la chemise devait tremper dans de la lessive frémissante durant plusieurs heures avant d'être battue sur une pierre avec un battoir pour faire ressortir toute la crasse durant le processus de rinçage. La lessive est obtenue en faisant tremper de la cendre dans l'eau durant quelques jours à laquelle on ajoute de la soude, lorsque disponible. On faisait des corvées de lessive une deux fois par année. Entre-temps, on pouvait savonner les parties sales, les rincer et les sécher avant de les entreposer en attendant la prochaine lessive. La lessive combinait un processus de blanchiment en même temps que de laver. C'est pour cela que seuls les vêtements faits de tissus blancs ou de couleur naturelle écrue de la fibre passaient dans le processus de lessive. Les vêtements de couleurs changent de teinte avec ce processus. La soie, les dentelles et les fibres de couleurs n'étaient pas lessivées parce que cela les aurait brisées, délavées et prématurément défraichies durant le processus.
Donc la chemise, c'est un sous-vêtement dans le sens littéral du terme. Parce qu'elle est portée sous les vêtements. Et ce sera le cas jusqu'au début du 20ième siècle. Elle est faite assez large, assez pour pouvoir se laver à la serviette sans la retirer. Ce qui est pratique pour conserver une certaine pudeur quand la majorité des gens vivent à plusieurs adultes dans la même pièces (militaires, marins, congrégations religieuses, domesticité, engagés sur une ferme...)Peu et fortunés étaient les gens ayant le luxe de dormir seul dans leur chambre.
Je suis entrain de me fabriquer 2 chemises supplémentaires pour ma garde-robe puisqu'il ne m'en restait qu'une. J'utilise le patron de la Fleur de Lyse.
Pour le plaisir, je suis allée consulté l'Art de la Lingère de Garsault paru en 1771 et voir les différences, s'il y en avait. Personnellement j'ai encore des difficultés à faire des conversion d'aulnes en mètres, j'ai donc abandonné cet aspect de la comparaison.
Vu ma taille, j'ai opté pour la coupe ''à la françoise''. Effectivement, il paraitrait que les personnes présentant de l'embonpoint, décrites comme menues, devaient plutôt opter pour une coupe ''à l'angloise''. Une manière peu subtile d'insinuer que tous les Anglais sont gros.
Les manches des chemises de femmes sont sans piqure ni boutonnière, contrairement à celles des hommes.
Ici j'ai découpé, numériquement parlant, l'extrait traitant des chemises de femmes dans l'Art de la Lingère de Garseault, publié en 1771. L'oeuvre entière est disponible sur Gallica.
Bonne lecture du Vieux Français.
Ici j'ai découpé, numériquement parlant, l'extrait traitant des chemises de femmes dans l'Art de la Lingère de Garseault, publié en 1771. L'oeuvre entière est disponible sur Gallica.
Bonne lecture du Vieux Français.
Mlle Canadienne
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