dimanche 8 septembre 2019

La coiffure féminine au 18ième siècle: art appliqué


Bonjour,

Tel que promis dans l'article de séance photo de août 2019, voici mon article sur l'accommodage féminin au 18ième siècle.

Mes connaissances en coiffure féminines du 18ième siècles viennent principalement de trois sources.

Mme Evelyne Bouchard m'y a initiée lorsque je faisais partie du groupe In Memoriam. J'ai consolidé mes connaissances avec le livre de American Duchess: The American Duchess guide to 18th century beauty.  À cela s'ajoute le site de M. Alain Ducher, récipiendaire du titre ''meilleur ouvrier de France'' à propos de son Manuel de coiffures historiques, qui recrée les coiffures de toutes les périodes historiques.

J'ai aussi feuilleté le livre la Toilette de Flore de 1777 écrit par M. Pierre Joseph Buc'hoz à propos des poudres, pommades et parfums utilisés.


La poudre, faite à base d'amidon auquel peuvent se rajouter de la cendre, des os ou des coquillages broyés, des racines aromatiques et des parfums, était l'élément central du nettoyage des cheveux et du cuir chevelu. Selon M. Alain Ducher, les dames faisaient aussi quelques fois un lessivage des cheveux, je n'ai trouvé cette mention nulle part ailleurs. Il précise d'ailleurs que ce n'est pas laver les cheveux qui faisait peur mais plutôt de garder la tête humide longtemps, presque synonyme de mort en hiver, aussi ne procédait-on au lessivage des cheveux qu'en été.

La pommade, à base de gras de mouton ou de porc infusée de parfum permet une plus longue tenue de l'accommodage.

L'accommodage de cette série d'image est à la mode de la décennie 1750.

Beaucoup de mes accessoires de toilettes (eau de toilette, maquillage blanc, rouge, pommade pour les cheveux et poudre à poudrer viennent de l'artisane derrière LBCC Historical.

Je teste aussi les prototypes de pommades et poudres à poudrer de mon ami Nick Barber. Il a fait des pommades au clou de girofle et à l'orange et de la poudre à l'odeur d'orange. Il fait aussi des couteaux, des haches, des rasoirs... 


Lorsque nous avons fait ces photos, cela faisait 24 heures que j'ai les cheveux pommadés et poudrés.



Pêle-mêle, mes outils pour l'accommodage et l'hygiène du 18ième siècle.



Première étape

Démêler la chevelure. Cela permet aussi d'ôter l'ancienne poudre des cheveux.


Un peigne en corne, récemment utilisé


Deuxième étape

Mettre de la pommade et un peu de poudre dans les cheveux. Au moment de prendre les photos, mes cheveux étaient encore pleins de pommade et un peu de poudre. J'ai simplement peigné pour enlever la vieille poudre de mes cheveux. Ensuite j'ai remis de la poudre.






Troisième étape

Séparer les cheveux nettement. C'est précisément pour cette étape que j'aurais besoin d'une femme de chambre. ( Tu me manques, Cathrine Davis, la Virginie c'est loin... ). L'avant de la tête est séparée par une ligne droite qui part verticalement de l'arrière de l'oreille. Cette séparation est divisée en deux au milieu du front par une autre ligne droite. La plupart des portraits de l'époque montrent une frisure dans la partie avant des cheveux en marteaux ou en courtes bouclettes. Je n'ai pas les cheveux assez courts pour faire les bouclettes et je n'ai pas encore la dextérité ( et la patience) pour faire de fins marteaux féminins sur ma tête, alors l'avant de ma tête est assez terne selon les critères de l'époque. J'ai seulement ramené les cheveux en chignon sur le dessus de ma tête, très en avant selon nos critères de 2019.


Pour l'arrière de la tête je me suis inspirée du buste de Mme de Pompadour, arborant trois tresses relevées vers le chignon. 

Sculpture représentant Mme de Pompadour
de Jean-Baptiste Pigalle
1748-1751
Exposé au Metmuseum de New York


Faire les séparations est quelque chose de difficile
Quatrième étape
Tresser les cheveux de l'arrière de la tête.


Ne jamais plus me fier à Joseph pour savoir si ma séparation est droite... Selon lui elle l'était... 

La troisième tresse est terminée

Cinquième étape

Arranger les cheveux en un chignon plat qui sera recouvert du bonnet. Y remonter les tresses.

Un chignon plat est adéquat pour la période de 1730 à 1760 environ. Avant c'est la coiffure à la Fontanges, après c'est le ''pouf'' de Marie-Antoinette.

Les tresses sont toutes remontées


Sixième étape

Si désiré, appliquer une couche finale de poudre


La houpette est pratique pour répartir la poudre sur la chevelure.
Elle peut être faite en plumes de cygne mais celle-ci est en poils de mouton.

Répartir uniformément n'est pas toujours une tâche aisée



Dernière étape de la coiffure

Poser le bonnet, cornette ou coiffe sur l'accommodage de cheveux.


Voilà une coiffure terminée!





Maintenant parlons un peu de maquillage

La base, maintenant nommée le fond de teint, était appelée pommade pour le teint. C'est cette pommade dans laquelle le blanc de céruse était utilisé dans certaines recettes. Le blanc de céruse, ou oxyde de plomb avait la réputation d'être plus blanc que blanc, et est maintenant connu pour ses effets toxiques pour la peau. D'autres recettes nous sont parvenues qui n'utilisent pas le blanc de céruse et ce sont les reproductions qui sont fabriquées et vendues aujourd'hui.

Le rouge est en liquide et est nommé simplement rouge qui imite le naturel. C'est le même produit mis sur les lèvres que sur les joues. Puisque mon rouge est asséchant, il serait adéquat que je me procure également un baume à lèvres...

Le clou de girofle carbonisé est utilisé pour brunir et définir les sourcils.

La poudre est également utilisée dans le maquillage pour terminer et donner à la peau un aspect duveteux.

Plusieurs personnes parlent également de bleu pour créer des veines artificielles, je ne l'ai pas encore trouvé dans les sources.

Les mouches, qui sont des pièces de taffetas ou de velours de soie, peuvent être mises pour accentuer la pâleur de la peau.

La première fois que j'ai testé le maquillage historique, j'en ai trop mis. J'avais l'air d'un fantôme avec deux chenilles à la place des sourcils... Savoir doser est un art difficile...





La pommade est difficile à appliquer uniformément. Je n'ai pas encore trouvé les bons outils.

Ce n'est pas mon maquillage le plus réussi parce que le blanc n'est pas uniforme...


La coiffure en vue d'ensemble.


Le maquillage tend à s'estomper avec le temps, donnant un aspect plus naturel.


Voilà, les étapes démystifiées de l'accommodage du milieu du 18ième siècle et les produits de maquillage.

Un grand merci à mon ami Joseph Gagné, historien et auteur du blog Curieuse Nouvelle-France, qui fut le photographe lors de cette matinée. Sans toi Joseph, mes séparations auraient été encore plus croches et je n'aurais pu faire cet article. 

J'espère que vous avez apprécié!


Mlle Canadienne

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