mardi 14 mai 2019

Did the ''tuque de voyageur'' really belong to a canadian voyageur?

Hello,

I just want to write about the famous «Tuque de voyageur» or «Voyageur's hat»  and reproductions based on a original «canadian» artifact. You will understand the use of quotation marks I have made here at the end of your lecture.

What is the matter with 18th century hats? During that century, social codes stated that everyboby has to wear something on their head. For man, this statement was follow by wearing a hat ( that victorian era called later a tricorn) or a cap that can be made in different fibers. Wool cap were called «tuque» by 18th century canadians, and they still do it today for french-canadians.  One french officer who served in New France during the Seven Years war between 1755 and 1760 says something about it in his letters.  Jean-Baptiste d'Aleyrac, Aventures militaires au XVIIIième siècle, published in Paris by Charles Coste in 1935.

« Il n'y a pas de patois dans ce pays. Tous les Canadiens parlent un français pareil au nôtre. Hormis quelques mots qui leur sont particuliers, empruntés d'ordinaire au langage des matelots, comme amarer pour attacher, hâler pour tirer non seulement une corde mais quelque autre chose. Ils en ont forgé quelques-uns comme une tuque ou une fourole pour dire un bonnet de laine rouge (dont ils se servent couramment). Ils disent une poche pour un sac, un mantelet pour un casaquin sans pli (habillement ordinaire des femmes et des filles), une rafale pour beaucoup de vent, de pluie ou de neige; tanné au lieu d'ennuyé, chômer pour ne manquer de rien; la relevée pour l'après-midi; chance pour bonheur; miette pour moment; paré pour être prêt à. L'expression la plus ordinaire est : de valeur, pour signifier qu'une chose est pénible à faire ou trop fâcheuse. Ils ont pris cette expression aux sauvages. »

I will not entirely translate it since it's a long citation and my translation skills are average. The officer says that the french of canadians have no accent but they use uncommon words. Many are borrowed from the sailor vocabulary and others are new like ''tuque'' or ''fourole'' to say a  red cap of wool. After there is more examples of specific french canadien word uses that were not in the continental France. Alas, we do not say ''fourole'' anymore.


Ex-voto des trois naufragés de Lévis
Anonymous
1754


Detail, man wearing a red tuque
Ex-voto des trois naufragés de Lévis
Anonymous
1754



All reenactors are basing their tuque or voyageur hat interpretation on an artifact that has been found in the Machault wreck. to my knowledge, this wreck have the only surviving knitting items of North America (please tell me if I am wrong!) including this tuque.
Extract of the book: 
L'héritage du Machault une collection d'artefacts du XVIIIe siècle
 Catherine Sullivan
 études en archéologie architecture et histoire 
Direction des lieux et des parcs historiques nationaux Parcs Canada Environnement Canada

It's an elongated tube, closed at both extremities, without seam and folded on itself for more isolation. At the middle, ear room is made by littles enlargements. For many people, it is a canadian hat because it was discovered in Canada. I have many questions concerning this straight affirmation. 


First, the location and specific time that let the Machault sank.

Little resume. The Machault is one of the 6 ships that had been sent from France to help to take back Québec City that had fallen in the hands of English on September 18th 1759. The ship la Fidèle was capture when this fleet leave Bordeaux. Two others ship were lost at sea while crossing the Atlantic. The three remaining ships were chased by five Britannic warship. The French fleet retreated at the botton of the ''Baie des Chaleurs'' where the Battle of the Ristigouche River took place.
Acadian milita and Native Americans came spontaneously help the French ships. That helped them to unload a part of the ships before the Frenchs destroyed their own ship. They did so because they did not want to their enemy to use those ships in their fleet, like they did with la Fidèle. 

(For more information about that last naval fight in North America between French and Britain go see the museum of Battle of Restigouche National Historic Site located in Pointe-à-la-Croix in Gaspésie. I love their exposition.)

So, are present during the sinking of the French ships: French sailors and soldier, Acadian militia (deported since 1755 and trying to survive) and Native Americans. No Canadians. To have live there, I don't remember a seigneurie in the areas. So calling that artifact a Canadian voyageur hat it is ignoring the facts I just exposed. Many hypothesis can explain the finding of this hat: someone (French or Acadian), dropped it during the unloading of the ship , it was the personal belonging of a  French sailor or soldier, or it was part of the cargo simply.  

My personal hypothesis is more that it is a sailor hat. When looking at the famous French ports paintings of Joseph Vernet, I found many times men wearing what look like colored tuques. Joseph Vernet was asked by Louis XV to show in paintings the harbors of France. Their size are huge; 165 cm by 263 cm. In total, there is 15 paintings that had been painted between 1754 and 1765.

Detail Vue du port de Dieppe
1765
Joseph Vernet
Musée National de la Marine

Detail Troisième vue de Toulon: la vieille darse, prise aux côté des magasins aux vivres
1755
Joseph Vernet
Musée National de la Marine

Detail Vue du port de Rochefort, prise du magasin des Colonies
1762
Joseph Vernet
Musée National de la Marine





The Machault hat look like Holland sailor's hat of the 17th century. All sailors but not same time and not same country. Those hats were discovered in 1980 when excavating graves of whalers of the 17th century in Holland. 

Wollen cap worn by Dutch whaler
Anonymous
Around 1650-1700
Rijks museum, Amsterdam

Wollen cap worn by Dutch whaler
Anonymous
Around 1650-1800
Rijks museum, Amsterdam



To quote back the French officer  during the Seven Years War, most of the peticular words used by Canadians are borrowed from sailors. Can it be that the same thing applies for clothing, beginning with the famous '' tuque''? 

On that sweet interrogation, I wish you a good day. 


Mlle Canadienne






jeudi 9 mai 2019

Tuque de voyageur

Bonjour,

J'aimerais maintenant discuter à propos de la fameuse «Tuque de voyageur» et des reproductions basées sur un original «canadien». Vous comprendrez à la fin de cet article pourquoi j'utilise ici des guillemets.

Commençons par contextualiser la tuque. Au XVIIIième siècle, la bienséance requiert que toute personne soit coiffée, c'est-à-dire qu'elle porte quelque chose sur la tête. Pour les hommes, cela se traduit par un chapeau de feutre à trois pointes (que l'ère victorienne a consacré sous le nom de tricorne) ou un bonnet, qui peut être fait de différente matières. Le bonnet de laine a pris le nom de tuque au Canada. Cela est mentionné, entre autres, par Jean-Baptiste d'Aleyrac, dans ses Aventures militaires au XVIIIième siècle, publiées à Paris par Charles Coste en 1935. Jean-Baptiste d'Aleyrac était un officier français qui servit en Nouvelle-France durant la guerre de Sept Ans de 1755 à 1760.

« Il n'y a pas de patois dans ce pays. Tous les Canadiens parlent un français pareil au nôtre. Hormis quelques mots qui leur sont particuliers, empruntés d'ordinaire au langage des matelots, comme amarer pour attacher, hâler pour tirer non seulement une corde mais quelque autre chose. Ils en ont forgé quelques-uns comme une tuque ou une fourole pour dire un bonnet de laine rouge (dont ils se servent couramment). Ils disent une poche pour un sac, un mantelet pour un casaquin sans pli (habillement ordinaire des femmes et des filles), une rafale pour beaucoup de vent, de pluie ou de neige; tanné au lieu d'ennuyé, chômer pour ne manquer de rien; la relevée pour l'après-midi; chance pour bonheur; miette pour moment; paré pour être prêt à. L'expression la plus ordinaire est : de valeur, pour signifier qu'une chose est pénible à faire ou trop fâcheuse. Ils ont pris cette expression aux sauvages. »



Ex-voto des trois naufragés de Lévis
Anonyme
1754


Détail, homme portant une tuque rouge
Ex-voto des trois naufragés de Lévis
Anonyme
1754



Les seuls artéfacts tricotés ayant survécu en Amérique du Nord à ma connaissance, du XVIIIème siècle jusqu'à nos jours, ont été excavés lors des fouilles de l'épave du Machault. Parmi ces ouvrages de tricot se retrouve un bonnet de laine aux formes particulières:

Extrait du livre: 
L'héritage du Machault une collection d'artefacts du XVIIIe siècle
 Catherine Sullivan
 études en archéologie architecture et histoire 
Direction des lieux et des parcs historiques nationaux Parcs Canada Environnement Canada

Un tube allongé sans couture, refermé aux deux extrémités et replié sur lui-même pour plus d'isolation, ayant des logements pour les oreilles.

Pour beaucoup de gens, puisque cette tuque a été retrouvée au Canada, elle est par conséquent canadienne... J'ai plusieurs bémols à apporter à cette affirmation. 

D'abord, le lieu et la période qui a vu le naufrage du navire le Machault. 
Petit résumé. Cette frégate comptait dans la flotte de 6 navires qui a été dépêchée en renfort au printemps 1760 de la France pour aider à reprendre la ville de Québec qui était tombée aux mains des Britanniques le 18 septembre 1759.  La Fidèle fut capturée par les Anglais dès qu'ils eurent quitté Bordeaux. Deux autres navires furent perdus en mer lors de la traversée de l'Atlantique. Les trois navires restant furent pris en chasse par  cinq vaisseaux de guerre britanniques. La flotte française se replia au fond de la Baie des Chaleurs, où se déroula la bataille de la rivière Ristigouche. Grâce à l'aide d'alliés acadiens et amérindiens, venus spontanément au secours de la flotte française, une partie de la cargaison des navires put être débarquée avant que les Français ne détruisent leurs navires pour éviter qu'ils soient, comme la Fidèle, capturés et utilisés par leur ennemi.

(Je conseille fortement la visite du musée de Parcs Canada de la Bataille-de-la Ristigouche situé à Pointe-à-la-Croix en Gaspésie pour plus de détails pour cette dernière bataille navale des Français et Britanniques en Amérique du Nord. J'adore comment l'exposition est montée et présentée.)

Donc, sont présents lors du sabordage des navires français: marins français, soldats français, miliciens acadiens et leurs alliés amérindiens. À ma connaissance, il n'y a pas de seigneurie canadienne active sur le rivage de la baie des Chaleurs. Pour affirmer que ce bonnet de laine est une tuque de voyageur canadien, il manque la présence de Canadiens. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer la présence de cette tuque: une personne (milicien acadien ou marin français) l'aura échappé lors du débarquement de la cargaison du navire, elle faisait parti des effets personnels d'un marin ou soldat ou bien même, elle faisait tout simplement parti de la cargaison.

Mon hypothèse penche vers le bonnet de marin. Lorsque j'examine la série de peintures des ports de France de Joseph Vernet, je retrouve souvent des marins ayant une tuque rouge, ainsi que d'autres couleurs. Joseph Vernet a été commissionné par Louis XV pour réaliser les vues des ports de France en tableaux de 165 cm par 263 cm (C'est immense!). Il en a fait 15 en tout entre 1754 et 1765.

Détail Vue du port de Dieppe
1765
Joseph Vernet
Musée National de la Marine

Détail Troisième vue de Toulon: la vieille darse, prise aux côté des magasins aux vivres
1755
Joseph Vernet
Musée National de la Marine

Détail Vue du port de Rochefort, prise du magasin des Colonies
1762
Joseph Vernet
Musée National de la Marine





La tuque du Machault n'est pas sans rappeler les bonnets de marins découverts en 1980 lors de l'excavation des tombes des baleiniers hollandais du XVIIième siècle.

Bonnet de laine de baleiniers hollandais
Anonyme
Environ 1650-1700
Musée Rijks, Amsterdam

Bonnet de laine de baleiniers hollandais
Anonyme
Environ 1650-1800
Musée Rijks, Amsterdam



Pour en revenir avec la citation de l'officier Jean-Baptiste d'Aleyrac,  au XVIIIième siècle, la plupart des mots qui sont particuliers aux Canadiens sont empruntés au vocabulaire des matelots. Se pourrait-il qu'il en soit de même pour l'habillement, à commencer par leur fameuse tuque?

Je vous laisse sur cet interrogation.


Mlle Canadienne







Question de vocabulaire: casaquin, vêtement à plis ou sans plis?

Bonjour, Depuis plusieurs années je m'intéresse aux vêtements du XVIIIe siècle et je dois avouer qu'aucun mot ne m'a autant embr...