jeudi 16 août 2018

Les droits de pratiques du perruquier

Bonjour,

Comme je l'ai déjà écrit, j'ai travaillé sur le métier de perruquier du siècle des lumières en explorant les coiffures masculines du 18ième siècle. Bon, pour commencer, la première chose qui saute aux yeux lorsqu'on se penche sur le sujet c'est qu'à l'époque, le verbe coiffer a trait à quelque chose qu'on dépose sur la tête, comme une coiffe, un bonnet ou un chapeau, ou à l'arrangement des cheveux d'une dame. Pour l'arrangement des cheveux d'un homme ou même d'une poupée, on parlera d'accomodage.

Les coiffeurs semblent n'être dédiés qu'aux femmes dans les dictionnaires et les sources que j'ai rencontré jusqu'à présent. Le seul document où j'ai vu les mots coiffeurs pour homme est dans un pamphlet que j'ai survolé s'intitulant: ''Les Coeffeurs de dames contre ceux des messieurs'' paru en 1769.  Il semble qu'à cette période, l'état cherche à regrouper les coiffeurs de dames dans la corporation (je ne connais pas la nomenclature légale exacte de l'époque peut-être est-ce plus guilde) des barbiers-perruquiers-baigneurs-étuvistes. Le pamphlet explique, en rime, pourquoi les coiffeurs de dames refusent cette fusion légale. Hormis dans ce titre, je n'ai pas vu autre allusion au métier de coiffeur pour homme ni dans ce pamphlet, ni dans un autre document.

Mais où ira un homme avec une longue chevelure naturelle pour se faire couper les cheveux, si ce n'est chez le coiffeur? La réponse me parait étrange aujourd'hui: chez le perruquier.


En fait, l'art du perruquier de Garsault, paru en 1767 nous informe, entre autres, sur ce que j'appellerais les droits de pratiques du barbier-perruquier-baigneur-étuviste.


  1. Le perruquier a le droit d'acheter et vendre des cheveux en gros ou en détails. Pour ce point, on l'aurait facilement deviné.
  2.  Le perruquier a le droit de faire et vendre poudre et pommades pour l'hygiène du visage et de la tête. Par contre Garsault note que la plupart des perruquier laissent ce droit aux parfumeurs.
  3. Le perruquier a le droit de faire la barbe. Droit qu'il partage avec un métier mieux connu qui a ce droit: le barbier-chirurgien. Afin de mieux les distinguer, l'extérieur de la boutique du barbier-chirurgien doit obligatoirement être noire ou rouge et son affiche doit montrer des bassins de cuivre jaune. Le perruquier, quant à lui, doit peindre l'extérieur de sa boutique toute autre couleur de son choix, excepté le rouge et le noir, et son affiche doit montrer des bassins d'étain, qui sont de couleur blanche.
  4. Le perruquier a le droit de faire les cheveux, c'est-à-dire les couper.
5. Le perruquier a le droit de fabriquer des perruques. Cela je crois vous l'aviez deviné. Le but des perruques est d'imiter la belle nature.  La nature peut avoir des formes diverses.




6. Le perruquier a le droit de tenir bains et étuves. Dans les faits, bien peu se dotent de bains et ceux qui le font semblent délaisser tous leurs autres droits. Dans l'Art du Perruquier, Garsault écrit: 
''les bains et étuves, autre appanage du perruquier, ont une origine bien différente des autres parties dont on vient de parler; car ils sont de toute antiquité, principalement dans les pays chauds où ils sont journaliers; dans le nôtre, on n'en use que de temps en temps, surtout en été; je ne parle que des bains de propreté: d'ailleurs les bains sont d'un grand secours en Médecine, alors ils se divisent en différentes espèces, demi-bain, bain froid, bain chaud, bain d'immersion, etc.''


Il semble que Garsault fait ici un petit plaidoyer en faveur de mesures d'hygiène plus importante que ce que les mythes veulent nous faire croire. Pour ma part, prendre un bain de propreté de temps en temps, surtout en été est beaucoup plus que le mythe véhiculé de ne prendre qu'un bain par année... Mais ce débat sera pour une autre fois.

J'espère que vous aurez apprécié ce petit résumé des pratiques du perruquier.

Mlle Canadienne

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